Si vous avez suivi les infos des derniers jours, vous avez sûrement entendu parler de nous. Ou plutôt de Saint Hippolyte du Fort, frappé mercredi soir, comme Lamalou-les-Bains et Saint-Laurent-le-Minier, par de très violents orages et des pluies diluviennes, qui ont provoqué des « crues éclair ».
Vous vous souvenez peut-être d’avoir lu sur ce blog un article sur les épisodes cévenols. En écrivant cet article, on ne pensait être si vite aux premières loges.
Voilà à quoi ressemble une crue éclair :
Sur le site Vigicrues, où on peut afficher ce graphique, il suffit de cliquer sur les points pour lire ce qui a été mesuré:
Valeur (hauteur en mètres) mesurée à 18h30 : 0,24m
Valeur mesurée à 19h30 (le point le plus haut de la courbe) : 5,22m
En une heure, le niveau du Vidourle est monté de 5 mètres. Ça laisse peu de temps pour se mettre à l’abri.
Commençons d’abord par vous rassurer sur notre cas particulier : chez nous, rien de grave. Nous avions été assez prudents lors de notre recherche de logement, éliminant d’emblée les maisons de plein pied situées en zone inondable. On se demandait si on n’était pas un peu trop parano, mais apparemment, non ! Nous habitons donc au premier étage, et nous n’avons eu à déplorer « que » 30 cm de boue dans la cave (on ne sait pas encore si le lave linge a survécu).
En revanche, les dégâts sont considérables à Saint Hippolyte. De nombreux habitants sont sinistrés, sans parler des commerces et des entreprises. Le collège a été inondé, les jardins ravagés, les balustrades arrachées, etc. Beaucoup de gens sont restés sans électricité pendant 24 heures ou plus.
Tout cela, nous ne l’avons découvert que le lendemain matin. Le soir, nous n’avons vu que l’orage interminable, les microcoupures d’électricité, les gyrophares qui passaient au loin, la rivière de boue dans notre rue, qui montait dans l’entrée de l’immeuble, puis le début de la décrue et le carnage dans notre cave après le retrait des eaux. On n’avait même pas vraiment compris ce qui se passait…
Au matin, pas de téléphone ni d’internet, mais un bon vieux poste de radio pour écouter France Bleu Gard Lozère et capter avec attention les informations nous concernant. C’est là que nous avons appris que les orages avaient été concentrés, entre autres, sur Saint Hippolyte du Fort, et qu’il était tombé plus de 300mm de pluie sur notre secteur.
A l’heure de l’école, nous sommes sortis avec les filles, pour constater l’ampleur des dégâts. Les écoles étaient bien sûr fermées, même si la plupart des enseignants étaient quand même là, venus d’autres villages tout aussi touchés, du Vigan ou de Montpellier, malgré les routes coupées. Il n’y avait pas de cantine, faute d’approvisionnement et d’eau potable.
Le Vidourle et son affluent l’Argentesse avaient déjà regagné leur lit, mais la trace de leur passage était visible partout. Inutile de vous dire que depuis hier matin, il n’y a pratiquement qu’un seul sujet de conversation à Saint Hippolyte du Fort. Presque tous les gens que nous connaissons ont subi des dégâts plus ou moins importants, quand ils n’ont pas tout perdu.
Deux jours après, le paysage est toujours dévasté, l’humidité ambiante insupportable, le marché du vendredi annulé, l’eau du robinet jaunâtre – on ne peut plus la boire jusqu’à nouvelle ordre et la mairie distribue des bouteilles d’eau gratuitement –, la salle des fêtes sert toujours de campement de fortune et la ville reste sillonnée d’un incessant ballet de véhicules de pompiers et de la sécurité civile, repérant les arbres à enlever du lit des rivières, les animaux morts, les débris à déblayer, les toits à réparer… Mais déjà, la vie quotidienne reprend son cours, ce matin les écoles ont accueilli les (quelques) enfants présents, la cantine était assurée ce midi, les magasins qui le peuvent ont rouvert leurs portes et on a trouvé les gens plutôt fatalistes, même si une telle catastrophe n’était pas arrivée à Saint Hippo depuis longtemps.
Il pleut toujours à intervalles réguliers et nous attendons avec impatience le retour du soleil pour tout sécher.
Nous avons pris quelques photos. Ceux d’entre vous qui connaissent Saint Hippo auront peine à reconnaître le tranquille Vidourle et l’inoffensive Argentesse, que l’on pouvait encore traverser à sec il y a quelques jours.
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