Les carnets de Carine et Laurent

Dix ans après…

Lotus sur le lac de Hangzhou

Lotus sur le lac de Hangzhou

Le 29 mars 2004, nous atterrissions à Shanghai, le début d’une nouvelle vie. Nous avions longtemps rêvé de partir à l’étranger, plus précisément en Asie, et notre rêve se réalisait enfin ! Nous ne savions pas comment tournerait l’aventure, mais nous étions prêts à en relever les défis et à la vivre à fond.

Nous n’avons pas été déçus. Nous avons finalement passé près de 10 ans en Asie et nous avons adoré toutes nos expériences dans les trois pays par lesquels nous sommes passés, et les nombreuses cultures que nous avons pu découvrir en cours de route. Bien sûr, en dix ans, nous avons connu des hauts et des bas, mais pas une minute, nous avons regretté notre choix.

Avec un peu de recul, il est temps pour nous de répondre à la question que nous avons le plus souvent entendue ces dernières années : entre la Chine, le Japon et Singapour, quel pays avons-nous le mieux aimé ?

Une question difficile, qui mérite donc bien un article dédié…

La réponse est finalement simple: nous avons également aimé nos trois expériences, pour des raisons bien différentes.

Pudong by night - 2002

Pudong by night – 2002

D’une certaine façon, la Chine fut un atterrissage facile. Pour beaucoup d’Occidentaux, l’expatriation en Chine se traduit par un grand choc culturel, mais nous connaissions déjà bien la culture (n’oublions pas les racines familiales côté Laurent) et nous savions à qui nous attendre. Nous eûmes évidemment bien des surprises, certaines agréables et d’autres moins, mais l’adaptation fut plutôt facile. Nos voisins chinois étaient charmants – sympa et accueillants, toujours en train de se marrer (souvent à nos dépens), extrêmement curieux (ils connaissaient tous les détails de notre vie). Nous n’étions pas vraiment fans de la vie quotidienne à Shanghai (trop bruyant, pas assez vert, trop pollué – on n’ose imaginer ce que ce serait maintenant !) mais nous avions une chouette maison, des vélos bien pratiques, plein de très bons amis et nous avons amplement profité de la vie nocturne shanghaienne. Et surtout, nous avons adoré explorer le pays en long et en large, avec un billet d’avion en poche, des sacs à dos bien ficelés, la plus récente édition du Lonely Planet (indispensable), un esprit ouvert à la découverte et une bonne dose de souplesse !

Hanami 2009 in Himeji

Hanami 2009 in Himeji

Le Japon, ce fut tout le contraire. La vie à Kobe était calme, très calme. Pas beaucoup de vie nocturne dans notre quartier, mais de toute façon, nous ne sortions pas – occupés que nous étions à pouponner. Malgré un salaire tout à fait correct, le coût de la vie était élevé, et surtout voyager était cher, donc nous n’avons guère pu explorer au-delà des environs immédiats de Kobe. Heureusement, nous avions de magnifiques choses à voir à portée de main. Nous avions un bel appartement, avec vue sur la mer d’un côté et la montagne de l’autre. Nous pouvions circuler facilement dans la région en train. Le ciel était souvent bleu et l’air agréablement pur. Cette fois, le choc culturel fut intense – le plus difficile : passer d’un environnement où tout est possible (la Chine) à une culture du respect absolu des règles et procédures. Les relations professionnelles étaient difficiles et l’ambiance au bureau vraiment spéciale. Quand on en parle comme ça, on a l’impression que notre expérience japonaise fut beaucoup plus difficile que la vie en Chine, et d’une certaine façon c’est vrai. Et en même temps, cette grande claque culturelle, ce défi quotidien, ce mystère permanent, c’était exactement ce que nous avions recherché en quittant la France.

Musee des Civilisations Asiatiques

Musee des Civilisations Asiatiques

Après tout ça, Singapour nous a parue évidemment facile. Réputée et critiquée pour son mode de vie occidentalisé, son côté aseptisé, son manque de charme et de culture locale, en un mot une ville sans âme. Pour être honnête, ce ne fut pas vraiment un choix : il n’y avait pas alors d’autre possibilité. Et finalement, c’est là que nous sommes restés le plus longtemps, et nous avons vraiment aimé Singapour. C’est vrai, bien sûr, que la culture locale ne vous saute pas à la figure, et qu’il y est facile de s’installer (ne serait-ce que grâce à l’anglais). Mais lorsqu’on prend le temps d’observer et de chercher, la culture locale – ou plutôt les cultures locales – existe bel et bien, elle est riche et fascinante. Nous avons aimé beaucoup de choses à Singapour : la fantastique végétation tropicale, le fait que tout soit prévu pour accueillir les jeunes enfants, la faible pollution, la piscine toute l’année, la richesse culinaire, l’incroyable mélange de cultures, l’ouverture d’esprit de la plupart des gens que nous y avons rencontrés. Tout n’était pas parfait – comme partout ailleurs. Mais nous avons particulièrement apprécié de ne pas se sentir « étrangers » – parce qu’il y a tellement d’étrangers de toute façon – et nous y avons rencontrés des tas de gens formidables, pour la plupart hors de la communauté française (ce qui était plus difficile en Chine et au Japon).

Oui, vraiment, nous avons aimé les trois pays. Ce qui a certainement aidé, c’est que nous nous sommes trouvés au bon endroit au bon moment. Peut-être n’aurions-nous guère apprécié Singapour en 2004 autant que nous l’avons fait après deux expériences plus exigeantes. Sans doute aurions-nous détesté la vie à Shanghai si nous y avions vécu après la naissance des filles. Nous aurions probablement peu goûté le calme de Kobe sans être passés par l’hystérique Shanghai, ou peut être aurions-nous trouvé le Japon vraiment trop compliqué après la vie facile de Singapour. Encore que…

Aujourd’hui, nos pas ont pris une direction complètement différente. Ce retour en France, comme d’habitude avec notre maison sur le dos, ce n’est pas un retour à la case départ mais une toute autre aventure… à suivre dans le prochain épisode !

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1300 jours en Chine

 

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